Mon histoire capillaire et pourquoi je défrise...

A la fin de la semaine dernière, avec les filles sur Upgrademe, on a eu une discussion très intéressante suite au visionnage du documentaire Good Hair, de Chris Rock. Il a amené un débat très intéressant sur le pourquoi du défrisage ou pas ? Et aussi l'histoire qu'on entretient avec nos cheveux. Du coup, je pense qu'il est intéressant pour moi de mettre ici le fruit de ma réflexion, ce qui permet de me présenter un peu plus par la même occasion. Mieux vaut tard que jamais ! ^^ Alors voici...

"Je suis défrisée par choix, aujourd'hui. Parce que ça me convient. En fait, l'histoire à commencé quand j'ai eu 10 ans. Ma mère ne savait pas comment s'occuper de mes cheveux alors c'est comme ça que le défrisage a commencé, mais d'abord à chaud. Elle me disait que mes cheveux étaient plus malléables et mieux coiffables. Que sans ça, j'avais des cheveux indomptables et trop drus. Sans hésitation, je l'ai crue : j'avais tellement mal quand elle me peignait... Une fois arrivée au collège je suis passée à l'assouplissement. Sauf que je ne savais toujours pas comment m'occuper de mes cheveux assouplis, ma mère pas plus que moi (le dax, la lanoline et compagnie, ça n'hydrate rien du tout), alors au bout d'un an, ma mère m'a fait arrêter et j'ai transitionné jusqu'à ce que les cheveux défrisés tombent d'eux-même. Je suis redevenue naturelle jusqu'à la fin du collège. Je ne faisais que des tresses, la plupart du temps et ma mère me faisait deux tresses couchées dans les cheveux quand je n'avais pas de rajouts. Au lycée, j'en ai eu marre. Marre de m'asseoir pendant des heures pour me faire faire des tresses, marre de m'asseoir et de supporter que ma mère pose la main dans mes cheveux en se plaignant de leur "indomptabilité", j'ai décidé m'occuper de mes cheveux toute seule, mais comme je ne savais pas comment tresser j'ai choisi ce que je pensais être la facilité : le défrisage à froid. Et la longue histoire avec mes cheveux a commencé dès lors. Avec des tests, des ratés, des réussites, des temps de pauses...

Et depuis, j'y suis toujours dans mon histoire et le défrisage ne m'a pas fait perdre mon identité ou quoi que ce soit d'autre. Je n'ai jamais eu de chute et d'alopécie à cause du défrisage, je ne suis jamais arrivée au point d'en faire tous les mois. De la chute et de la perte d'épaisseur, j'en ai eues, oui, mais à cause de ma bêtise : pas de assez de soins, coups de ciseaux hasardeux qui "mangeait mes longueurs". Que des fautes dûes à la méconnaissance. Méconnaissance jusqu'à un certain point, cela dit. On m'a toujours dit de ne pas faire de couleur en plus d'un défrisage, d'attendre au moins 15 jours entre des tresses et un défrisage... ça, je l'ai toujours respecté et j'ai grandi avec. Je savais que ça casserait mes cheveux. A un moment, je me suis juste demandé pourquoi je défrisais. J'avais besoin de comprendre et besoin que ce soit clair dans ma tête, aussi. Quand j'étais petite, je trouvais les cheveux crépus pas beaux et durs ; je pensais fermement que pour être jolie, il fallait être lisse. Sauf que je le suis devenue, lisse, en me défrisant, et finalement, ça ne m'a pas permis de me trouver plus jolie ou d'avoir les cheveux plus longs, le complexe était toujours là. Mais pour le comprendre il m'a fallu l'expérimenter, pour comprendre que c'était pas le défrisage, la solution pour se débarrasser du complexe. Il fallait que je comprenne que c'était une identité que je devais me forger, avec ses avis, ses envies. Je crois qu'en plus de ce "don" transgénérationel et plus ou moins inconscient du complexe des cheveux crépus, les critères de beauté de la société occidentale dans laquelle on a grandi ne nous ont pas aidées. Si on n'a pas un peu de caractère et de curiosité pour se poser des questions et trouver les réponses on peut vite se perdre.

Du coup, je me suis formée mon petit avis personnel : je me défrise maintenant parce que je sais m'occuper de mes cheveux dans cet état. Je ne le fais pas souvent (3 fois max dans l'année mais plutôt 2) parce que je sais aussi que c'est un phénomène agressif pour mes cheveux et en quoi il est agressif. Je sais aussi comment les soigner à l'état défrisé et avec des repousses. Entre deux défrisages, je ne me morfonds pas non plus parce que j'ai des gros cheveux crépus qui repoussent et qu'on voit bien. j'apprends à les apprivoiser et à vivre avec. Je me suis même demandé pendant mon long arrêt du défrisage (1 an) si je ne voulais pas big choper. Pourquoi pas après tout, vu que je suis capable de me passer de défrisage pendant autant de temps ? Bah en fait, non : je n'ai pas la patience d'attendre que ça repousse à une longueur qui me conviendrait (je suis vieux jeu, je ne m'aime pas avec les cheveux courts), le shrinkage m'ennuie parce qu'on ne voit pas la vraie longueur du cheveu et puis je ne sais toujours pas bien m'occuper des cheveux crépus. Pourtant, la porte n'est pas fermée, un jour peut-être. On verra bien. J'ai pour habitude de dire qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis ! ^^ Enfin bon, tout ça, c'était pour dire que le défrisage, je ne m'en sens absolument pas l'esclave, et que ce n'est sûrement pas pour ressembler à une blanche et me sentir plus belle et mieux intégrée que je le fais. Ptet par feignantise, certes, mais pas par honte de mes cheveux crépus (je suis une jolie black fière de sa peau chocolat et de ce qu'elle est en général). Mes cheveux, je les aime, mais je veux pouvoir en faire ce que je veux, quand je veux."

Et voilà ! Bon, au delà de ma propre présentation pour le blog, je vous le recommande, ce docu de Chris Rock. Il ne vous apportera pas forcément de solutions, mais au delà du rire qu'il génère parfois, il amène à se poser des questions et ça, c'est intéressant : pourquoi vous défrisez-vous ? Pratiquez-vous le stretching ? Pourquoi ?